lundi 29 septembre 2008

La "timidité" des japonais.

L'autre soir je suis allée boire un coup avec Asuka qui m'a ainsi fait découvrir le sake. Si vous avez déjà goûté du sake en France, il y a de grandes chances pour qu'on vous ait servi du sake chinois, qui est bien à base de riz mais dont on a pas retiré l'enveloppe, et toute la différence se situe là.


Ici, on nous a servi du sake japonais, fabriqué à base de riz dont on a non seulement retiré l'enveloppe mais aussi plus ou moins poli le grain pour n'en garder que le meilleur. Et comme ce qu'on nous a servi étaient de bons "crus", les différents sake qu'on a goûté se buvaient froid.

D'ailleurs, cet alcool est tout à fait comparable au vin puisqu'en fonction de la qualité de la terre et par la suite du traitement du grain on peut avoir des goûts très différents. Mais cet article n'a pas pour thème "le pouvoir de l'alcool à délier les langues japonaises", j'arrête donc ce bref exposé alcoolique là.

Le sujet dont je voulais vous parler est effectivement bien en rapport avec la timidité, ou plutôt ce qu'on considère comme de la timidité, mais en aucun cas avec l'alcool. Mon petit exposé n'avait que pour but de poser le décor, qui était ma foi plus que sympathique.

Pourquoi est-ce que je dis "ou plutôt ce qu'on considère comme de la timidité" ? Tout simplement parce que pour les japonais cette façon d'être n'a rien à voir avec de l'anxiété ou un quelconque trouble. C'est une question d'éducation et de culture.

En effet, au Japon, quand vous parlez à quelqu'un, vous devez avant tout vous préoccuper des sentiments que peut éprouver votre interlocuteur. Est-ce que vous êtes en train de cordialement l'emmerder avec ce que vous racontez ? Est-ce qu'il est fatigué ? Est-ce qu'il a faim ? Forcément ça court-circuite un peu la spontanéité de la discussion et débattre d'un sujet devient plus que délicat si vous devez constamment faire attention à ne pas mettre votre interlocuteur mal à l'aise. D'ailleurs si vous essayez de parler politique avec un japonais vous risquez de rencontrer quelques difficultés.

Mais attention, ça ne veut pas pour autant dire qu'un japonais ne pourra pas construire ses propres opinions, simplement qu'il se gardera de les exprimer s'il n'est pas certain qu'elles sont partagées par son ou ses interlocuteurs. De la même manière, il ne faut pas confondre le fait de se préoccuper de ce que ressent l'autre avec celui de craindre ce que l'autre peut penser de nous. Dans l'histoire, on ne compte finalement que peu par rapport à notre interlocuteur.

Alors évidemment tout ça est relativement théorique et je suis persuadée que de nombreux japonais ne se gênent pas pour régulièrement piétinner ces principes. Mais il est bon de savoir qu'ils sont toujours plus ou moins présents dans l'esprit du japonais qui se trouve en face de vous. Que c'est un automatisme dont il aura du mal à se défaire, et dont il ne voudra d'ailleurs sans doute pas se défaire puisqu'après tout l'étranger, ici, c'est nous. Enfin, ça aide aussi à comprendre pourquoi le français, réputé pour sa grande gueule et sa capacité à tout critiquer même ce qui semble a priori ne pas être critiquable, peut choquer. 

2 commentaires:

Anonyme a dit…

FRANÇAIS, ET FIER DE L'ÊTRE, MERDE! :p
J'attends avec impatience ton exposé sur les différents types d'alcool... :)

Anonyme a dit…

On reconnaît là une différence fondamentale entre la culture européenne et asiatique, le "rentre-dedans" (j'expose d'abord et on voit si ça passe) et l'encerclement (on préfère attendre qu'il y ai un minimum de soutien avant de s'engager).

Sinon pour le sake je ne savais pas pour les grains de riz (et là j'imagines un jeu vidéo avec une épreuve ou il faut enlever l'enveloppe à la main ^^, hop hop)